DANSER, DANSEZ, PENSEZ-Y.

QUELQUES EXPLICATIONS SUPPLÉMENTAIRES



Au début rien que du silence. Scène de tous les possibles et de l’impossible. Noircissure, une première marque, un effacement permettant par le même geste, l’ombre et la lumière. Noircissure, un espacement ou un évidement qui autorise le jeu d’une forme, l’articulation de lettres, le signe graphique, la métamorphose dans la voix et sa réécriture dans le corps.

Pendant le spectacle le pouvoir meurtrier des mots sur le réel est envisagé.

- D’abord un pouvoir meurtrier régulier : Le texte est projeté sur un écran, le noir du réel correspond au noir policé des lettres du texte. Une différence entre écriture et lecture questionne le sens et le non-sens, la clarté et la nuit.

- Ensuite un pouvoir meurtrier amplifié : Le noir du néant excède sa place attribuée aux graphèmes et envahit peu à peu la scène. Les thèmes de l’orgie angoissante et du sacrifice sont abordés.

- Et un enfin pouvoir meurtrier atténué : Au dernier poème, lors d’une invocation à la fracture, on assiste à une exubérance dangereuse du réel, à une résurgence de matières néfastes et habituellement négatives qui pullulent maintenant. A cet instant, les mots sont-ils la chose impensable ?

Et Ga Young LEE (la danseuse de la performance) danse ce jeu des mots dits. Les lettres, au début régulières puis difformes, transmutées en son traversent son corps et font désaccords. Son corps déchiré devient un lieu, le papier froissé et troué où sont consignés la mémoire et l’oubli. Cette traversée de fragments, de signes, de fragments de signes engendre une exaltation du désir et offre un corps morcelé, messager d’essences sauvages.
Son corps où chaque fibre de chair habitée de convulsions spasmodiques, paraît entrer dans l’abîme incandescent, la liberté suprême et impossible, la transe de toutes les consumations.

La répétition d’un arpège composé par Pascal BLONDY est le fil conducteur, le fil du rasoir, qui accompagne gaiement le possible angoissé d’une forme vers sa dissolution.

Cette création serait donc une interrogation en acte du rapport entre parole, écriture et désir, une discussion expérimentale sur le déchet produit par ce jeu et peut-être aussi une suspension joyeuse des identités rigides, des geôles imaginaires et de certaines orthopédies sournoises.

Noircissure, une pour mieux renaître.