Ecrit de France DELVILLE (critique d’art):

DANSER, DANSEZ. PENSEZ-Y.
Ga Young LEE et Jean-Paul DUCARTERON

Jeux de mots, jeux (je) de corps: Dans ces pensées, dansez-y est le titre, avec sa variante: danser, dansez, pensez-y, une invitation à la valse des mots, mais rien de rond dans Ducarteron, cela va plutôt se fracasser sur un mur, allumé de phrases, rompues, une carcasse écartelée projetant sa rage, le recueil de poèmes se nommant «Un air de rien du tout» recueil-cercueil si l’on en croit sa fin (Ma tombe ornée, Signe et totem remboursés) recueil, collecte, collection, recollection, où il est dit qu'il manque une lettre, un R, qui engendre le «tout», et montre qu'on peut manquer d’air à le dire ce manque, dans une inspiration continue, l’expiration se fait ailleurs mais pas loin, dans les membres de la danseuse, Ga-Young Lee, alternant avec le Dire en projectiles de la gorge du poète, électrocuté par sa propre parole.

Elle, articule en continu ses bras, jambes, plexus, visage, cheveux, pieds, faisant toucher l’intérieur de ce qu'on appelle «corps»: ce dont il est question (Quand les os rackettent leur viande... Comme le geste taiseux Soustrait ces œufs de leur ventre voleur), avec sa pulsation, ses glaires, ses ruptures. Danse-implosion qui ramène les propositions du texte à ces deux chairs-là. Le lire est bien, ce tangage d’appels à la sensation éplorée, mais il fallait le «voir», à la galerie Depardieu, avant que de l’entendre émis par une anatomie sonore, quasi fusée, sans concession au sens, et c’est alors que, oui, la vision cède la place à cette «ivresse vide» évoquée en exergue, celle de Georges Bataille (Il n’y avait ni vision ni rien – rien qu'une ivresse vide).

Addiction, ivresse, recherchées, pour échapper (?) à l’auge noircie primordiale par laquelle s’échappent les flux de vie, subversifs, criminels à la hauteur du crime premier supposé dans les termes comme dément brelan, châssis de romances, une antithèse absolue des termes, raffinés et abjects, créant la gêne souhaitée, libératoire... termes raffinés et abjects qui se tairont à juste titre pour laisser grouiller des vers véritables, passage du vers au ver, pas galant mais cultivé, la mort en satin, qui déteint sur le charivari dénoncé, rénové, entre le froid lapidaire et la chienne châtrée ... tous les phénomènes ensanglantés tendus de la haine salvatrice du poète avalés par la danseuse, seront déglutis en gestes irradiés mais hiératiques, et ceci succédera à cela, ça s’éclairera l’un l’autre, en une pyramide qui lorsqu’elle se taira, laissera derrière elle un silence à la fois compact et incandescent. A quoi ça sert de danser sans feu ? demande-t-il, alors elle danse dans une alchimie qui produit la traînée de comète, ce don, à l’Histoire humaine, de deux organismes (organigrammes), cet accouchement infini, et ces cris, au milieu, non de la Mère, mais de l’Enfant, inventant sa Langue.

Article paru dans la revue Performarts n°7 spécial été 2009 et au journal Le Patriote en septembre 2009.


Ecrit de François GRANIER (critique d’art):

De la poésie ! Travail d’écriture et de lecture. Angoisse et ravissement, distance et retrouvaille. Du brut qui n’en est pas. Une plongée dans l’infini fractal de l’inconscient. A consommer tel quel, jusqu’au bout, peut-être en sortirez-vous changé. La langue parle ! De quoi ?.....

Extrait du catalogue de l’exposition, les Robots, Toulouse 2012


Ecrit de Laetitia Russo(comédienne et critique) :

Les poèmes incantatoires de Jean-Paul Ducarteron se mêlent aux mouvements chorégraphiques de Sandra Ponzetti tels des soubresauts sismiques, créant une atmosphère étrange et inédite où plaisir et frayeur se conjuguent avec allégresse…